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Passage à 30 km/h : quels enjeux pour les villes et pour la sécurité routière ?

Sommaire

  • Vitesse limitée à 30 km/h en ville : une idée qui fait son chemin…
  • Passage aux 30 km/h en ville : pour quels bénéfices ?
  • Quels aménagements de voirie à prévoir pour passer en Ville 30 ?
  • Quel est l’impact du 30 km/h sur le paysage urbain et la sécurité routière ?
  • L’analyse des données de comportements de conduite : la clef d’une ville 30 sécurisée
  • Les données de mobilité intelligentes MICHELIN DDI : un outil d’aide à la décision clef en main pour la Ville 30

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Depuis 2019, on assiste en France à une généralisation du passage aux 30 km/h dans les agglomérations. En 2021, c’est Paris qui devient « Ville 30 ». À l’heure où le 30 km/h est en train de devenir un standard, il semble utile de revenir sur cette évolution majeure au niveau de l’espace urbain et de voir comment en mesurer l’impact. Avec en perspective, un objectif vertueux : dessiner la « ville apaisée » de demain !


Vitesse limitée à 30 km/h en ville : une idée qui fait son chemin…

Limiter la vitesse à 30 km/h en ville n’est pas une idée nouvelle. Mais d’où vient-elle et comment ce concept de “Ville 30” s’est-il développé en France ? Petit point historique pour appréhender l’évolution du phénomène.

Quelle différence entre Ville 30 et Zone 30 ?

Une Zone 30 délimite un périmètre urbain dans lequel la vitesse est limitée à 30 km/h pour favoriser une cohabitation harmonieuse entre les usagers.

Une Ville 30 généralise la limitation à 30 km/h sur la majorité du périmètre urbain (80 % des rues en moyenne) avec une limitation à 50 km/h (voire à 70 km/h) réservée à certaines artères absorbant un trafic important.

L’histoire des Villes 30 en France

C’est Graz, en Autriche, qui est la 1ère ville européenne à se revendiquer Ville 30 dès 1992. Il faut attendre 2005 pour voir Fontenay-aux-Roses – en banlieue parisienne – devenir la 1ère Ville 30 française suivie par Nogent-sur-Marne en 2006 et Sceaux en 2007. D’autres villes plus importantes prennent le relais comme Lorient en 2009.

Grenoble est la 1ère grande métropole à passer au 30 km/h en 2016. À partir de 2019, le mouvement s’accélère avec l’entrée en jeu de Besançon, Nancy, Lille et Strasbourg.

En 2020, c’est au tour de Bordeaux, Metz, Nantes, Rennes puis c’est la capitale, Paris, qui franchit le pas en 2021, ainsi que Clermont-Ferrand, Montpellier et Tours. En 2022, c’est Lyon qui passe aux 30 km/h, tout comme Toulouse et Limoges.

Au total, plus de 200 communes françaises sont passées en Ville 30, soit environ 15 % de la population française.

Une tendance qui se généralise (aussi) à l’international

Ces dernières années, le concept de Ville 30 est devenu universel. À tel point qu’en 2021, l’ONU lance l’initiative “StreetForLife #Love30”. L’idée est de promouvoir le passage aux 30 km/h dans les villes et zones à circulation dense afin de prévenir les décès et blessures graves dus aux accidents de la route.

Passage aux 30 km/h en ville : pour quels bénéfices ?

La question revient souvent : “Le passage aux 30 km/h oui mais… pourquoi ?”. Pour comprendre le concept et appréhender les enjeux, il convient de remonter aux sources.

Les objectifs du passage en Ville 30

À l’origine, les objectifs ont été définis autour de 2 axes :

1. L’axe sécurité en premier

Limiter le nombre d’accidents en ville est l’objectif majeur du passage aux 30 km/h. En effet, les études démontrent que le risque de mortalité est directement lié à la vitesse. À 50 km/h le risque de mortalité en cas de choc pour un piéton est de 60 % alors qu’à 30 km/h il n’est que de 15 %. (Source : SETRA) L’enjeu est donc de réduire les cas d’accidents graves.

2. L’axe bien-être

Autre enjeu du passage aux 30 km/h : offrir aux citoyens une « ville apaisée » avec moins de trafic, moins de bruit, moins de pollution, moins de stress et plus d’espace pour l’échange et le partage. L’idée est d’évoluer vers une circulation plus fluide, en encourageant le développement des modes actifs (vélo, marche, trottinette…) et en redynamisant les quartiers historiques et commerçants.

Retour d’expérience Ville 30 : l’exemple de Grenoble Métropole

Pionnière dans la démarche, Grenoble Métropole est passée Ville 30 en 2016 avec 80 % de la voirie sur 43 communes à 30 km/h. Bilan objectif après 3 ans :

  • Niveau sécurité :
    • Réduction sensible de la vitesse en centre-ville
    • Meilleur respect global de la limitation de vitesse
    • Accidentalité en baisse en nombre et en gravité surtout pour les piétons
  • Niveau opinion :
    • 61 % des piétons et 70 % des cyclistes sont favorables à la démarche
  • Niveau environnement :
    • Sur une période courte, pas de diminution observée voire une légère augmentation des émissions si on raisonne en “véhicule isolé”.
    • Mais 10 % de trafic voitures en moins observé sur Grenoble Métropole.
    • À terme, le passage aux 30 km/h devrait engendrer une diminution des émissions via la baisse du trafic et le développement des transports doux.

(Source : Étude CEREMA 2020)

Quels aménagements de voirie à prévoir pour passer en Ville 30 ?

Pour une ville, le passage à 30 km/h nécessite certains aménagements afin de “réorganiser” l’espace urbain et favoriser le développement des transports doux. Une démarche en 3 étapes :

Étape 1 : établir précisément en amont la redéfinition du réseau

  • Les rues et zones qui passent à 30 km/h
  • Les artères à fort trafic qui restent à 50 km/h (voire à 70 km/h)

Étape 2 : procéder aux aménagements urbains nécessaires

Les aménagements obligatoires :

  • Panneau entrée d’agglo avec panneau spécifique « Zone 30 »
  • Marquage au sol de rappel dans les zones 30
  • Double sens cyclable dans les rues à sens unique avec marquage au sol

Les aménagements de confort :

  • Création de « Zones de rencontre 20 km/h » pour une cohabitation apaisée entre voitures, piétons et vélos.

Étape 3 : marquer le changement et sensibiliser la population

Le challenge consiste à informer les usagers sur ce changement d’habitudes via :

  • Une signalétique “remarquable” pour alerter les automobilistes sur le passage en Ville 30 : totems, bacs à fleurs, revêtement spécifique…
  • Une communication de sensibilisation : affiches urbaines, brochures, site web, réunions d’information, conférences de presse, radars pédagogiques…

Quel est l’impact du 30 km/h sur le paysage urbain et la sécurité routière ?

Malgré le peu de retours d’expérience, il semble évident que le passage à 30 km/h a des conséquences sur le paysage urbain et sur l’accidentalité.

Une modification profonde du paysage urbain

Au sein de la Ville 30, l’automobile perd du terrain pour laisser plus de place aux modes actifs (marche, vélo, trottinette…), avec un partage de voies réorganisé.

Une multimodalité qui génère un nouveau type d’accidentalité

Si la vitesse diminue, le fait de créer plus de croisements entre automobilistes et usagers vulnérables génère de nouveaux risques de collisions.

L’analyse des données de comportements de conduite : la clef d’une ville 30 sécurisée

Face à ces évolutions du Plan de Déplacements Urbains, il est essentiel pour la collectivité de comprendre et d’identifier les risques spécifiques liés au passage généralisé aux 30 km/h.

Avec l’analyse des comportements de conduite, les décideurs ont la possibilité d’accéder à 2 types d’informations stratégiques :

#1- L’identification des zones à risques

Jusqu’à présent les zones à risque étaient identifiées principalement via l’analyse à posteriori des accidents. Une analyse partielle puisqu’elle ne faisait remonter que les accidents graves officiellement répertoriés, sans tenir compte des accidents plus légers, ni des incidents (ou presque accidents)

Aujourd’hui, grâce à l’analyse des données de conduite, il est possible d’identifier précisément les comportements à risque des automobilistes et d’anticiper donc les risques d’accident en repérant très tôt les zones à risques au sein de la Ville 30.

L’intérêt consiste notamment à se focaliser sur les zones de croisement entre voitures et cyclistes, qui sont souvent les plus accidentogènes.

#2 – L’étude comparative avant/après

Un autre bénéfice majeur de l’analyse des données, c’est la possibilité de comparer la situation avant et après le passage au 30 km/h sur certaines zones stratégiques.

Au final, l’intérêt est double pour la collectivité :

  • Avoir une mesure objective et fiable pour évaluer les effets de la Ville 30.
  • Réaliser et tester les aménagements nécessaires sur les zones critiques identifiées.

Les données de mobilité intelligentes MICHELIN DDI : un outil d’aide à la décision clef en main pour la Ville 30

Spécialiste des données de conduite intelligentes, MICHELIN DDi fournit aux collectivités de véritables leviers d’actions pour accompagner le passage au 30 km/h.

La méthode MICHELIN DDI

  • Identifier les zones à risques grâce à des modèles statistiques et d’intelligence artificielle comme dans l’offre Virage à Risques (lien).
  • Détecter les “presque accidents” (évènements de conduite dangereux qui auraient pu générer un accident) grâce à l’analyse de comportements de conduite atypiques (freinage, accélération, vitesse…)
  • Fournir aux décideurs des mesures objectives pour hiérarchiser les actions à mettre en place sur leur réseau.
  • Evaluer l’impact du changement via une mesure avant/après.

La différence MICHELIN DDI

  • Une expertise pointue en Data Science.
  • Des algorithmes permettant une analyse fine et contextualisée des données.
  • Une intégration facile dans le SIG des collectivités.
  • Aucun investissement en infrastructure nécessaire.
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